L'actualité de la crise: un nouvel épisode US qui s'annonce mouvementé, par François Leclerc

Billet invité.

UN NOUVEL EPISODE US QUI S’ANNONCE MOUVEMENTE

Levant de premières incertitudes pour en créer d’autres, la journée de jeudi a été marquée par deux importantes nouvelles aux Etats-Unis. L’annonce inopinée par Barack Obama, qui avait préparé masqué son coup, des mesures de restrictions qui pourraient être apportées à l’activité des mégabanques. Ainsi que la décision de la Cour Suprême de supprimer les entraves existantes au financement des campagnes électorales par les entreprises, une vraie déclaration de guerre qui prélude à des midterms sanglantes, suscitant en retour une réaction musclée de Barack Obama.

Il se confirme donc que celui-ci ne pouvait pas rester les bras croisés et qu’il a repris l’initiative, après la défaite lourde de symboles du parti démocrate aux élections sénatoriales partielles du Massachussetts. Car celle-ci annonce, si rien n’est fait, un score calamiteux aux midterms de novembre prochain. Dans le contexte de mauvaises nouvelles persistantes, enregistrant une nouvelle progression des chiffres officiels du chômage et de la dégradation de la situation réelle de l’emploi. Incitant à penser qu’après plus d’un an d’une mandature peu démonstrative, Barack Obama va être obligé, s’il veut obtenir un minimum de résultats lui permettant de renouer avec son électorat, d’entrer plus franchement dans le vif du sujet. Alors que sa réforme de la santé – élément clé de son dispositif – déjà fort émasculée, risque désormais de ne pas passer la barre de l’approbation par le Sénat.

Ce dernier va devoir maintenant prendre ses responsabilités, tant vis à vis de cette réforme que de celle de la régulation financière. Avec le poids des électeurs entièrement sur ses épaules. Les mégabanques étaient en train de mettre au point leur plan de bataille afin que le projet de taxation n’accède pas aux séances plénières du Congrès, ayant comme solution de repli d’obtenir de ce dernier que cette taxation, si elle est adoptée, ouvre droit à des déductions d’impôts ! Mais il va leur falloir désormais bloquer en plus le nouveau projet scélérat annoncé par Barack Obama. Alors que certains, chez les républicains, ne sont pas aussi farouchement opposés à des mesures de séparation des activités bancaires qu’ils ne le sont d’une taxe.

La modification de la loi électorale par la Cour Suprême, adoptée par cinq voix contre quatre, levant les restrictions mises depuis une vingtaine d’années au financement des campagnes électorales par les entreprises, ne va certes pas bouleverser la vie politique Américaine. Car son financement était de longue date assuré pour l’essentiel par ces dernières, via des comités électoraux financés par leurs actionnaires, qui ne vont simplement plus être nécessaires. Mais elle a – pour ceux qui saluent ce qu’ils clament être « une victoire de la liberté d’expression », au nom du 1er amendement de la Constitution, comme pour ceux qui dénoncent cet accroissement de la main-mise de l’argent sur la démocratie – une forte portée symbolique. Elle facilitera aussi que l’argent coule à flots.

La Cour a eu pour justifier sa position une formule qui laisse pantois : « Les entreprises, comme les individus, n’ont pas une pensée unique ». Barack Obama a quant à lui saisit au vol l’occasion, considérant que cette décision de la Cour était « une victoire majeure pour les grandes compagnies pétrolières, les banques de Wall Street, les sociétés d’assurance maladie et tous les puissants intérêts qui tous les jours oeuvrent en vue de retirer sa voix au peuple américain à Washington ». Trouvant les accents qui convenaient pour poursuivre sa tentative de reconquête de l’opinion, entamée avec sa proposition de taxation des banques du 14 janvier (la « taxe sur la responsabilité de la crise financière »), et poursuivie par celle qui vise à restreindre leurs activités et leur taille, exactement une semaine après.

La taxation des mégabanques en fonction de leur taille – afin de rembourser l’Etat de la totalité des fonds publics dépensés dans le cadre du programme de sauvetage des banques (TARP) – est encore à l’état de projet, ses modalités détaillées devant être précisées avant que le Congrès ne soit appelé à en débattre, à le modifier, pour éventuellement à l’adopter. Barack Obama avait déjà averti que les banques s’apprêtaient à sortir leurs grands couteaux pour le tailler en pièces. Il n’a pas manqué, en disant « rebelote » avec son nouveau projet, de préciser que si les banques « veulent se battre, je suis prêt », ce qui est pour la première fois devenu crédible.

Son intention est maintenant d’interdire aux banques de dépôts d’intervenir sur les marchés pour leur propre compte, ce qui revient – bien qu’il s’en soit défendu – à réinstituer peu ou prou la séparation en deux catégories de banque que le Glass-Steagall Act avait instauré, avant qu’il ne soit abrogé en 1999 (afin de permettre la naissance de Citigroup, ainsi que la suite que nous connaissons). Cela pourrait aboutir, si ce principe était adopté, à un premier remodelage en profondeur de Wall Street. Avec pour conséquence que les banques optant pour le camp des activités spéculatives sur fonds propres ne pourraient plus alors bénéficier, ni de l’ombrelle protectrice du FDIC, ni des programmes de soutien de la Fed. Le second volet du projet est moins clair dans l’immédiat, mais il vise à limiter la taille des banques, sans que l’on en sache encore ce qui sera effectivement pris en considération à leur passif pour mesurer celle-ci. Il pourrait aussi profondément modifier la physionomie du système bancaire américain, s’il devait être appliqué avec rigueur.

Afin qu’il n’y ait pas d’ambiguïté sur ses intentions politiques, à défaut d’être exagérément précis sur les modalités de son projet, Barack Obama a déclaré en présentant les grands lignes de son plan que « Bien que le système financier soit bien plus sain aujourd’hui qu’il ne l’était il y a un an, il fonctionne exactement selon les mêmes règles qui l’ont mené au bord de l’effondrement. (…) Ma détermination à réformer le système n’est que plus forte quand je vois le retour aux vieilles méthodes. (…) C’est exactement ce genre d’irresponsabilité qui rend cette réforme nécessaire ».

Devant être suivi par d’autres, Simon Johnson a aussitôt salué la victoire remportée par Paul Volcker, l’ancien président de la Fed, conseiller que l’on pensait en disgrâce de la Maison Blanche et qui se battait depuis des semaines, semble-t-il isolé au sein de l’administration, pour que des mesures de ce type soient adoptées. Simon Johnson a aussitôt proposé que l’on aille plus loin et que soit lancée une enquête sur les pratiques anticoncurrentielles de l’activité financière instituées par les mégabanques. Ce serait, si cela devait se faire, une nouvelle bombe. Mais nous n’en sommes pas là…

En attendant, nous sommes résolument entrés aux Etats-Unis dans la dimension politique de la crise, cela ne saurait tarder en Europe.

43 réponses sur “L'actualité de la crise: un nouvel épisode US qui s'annonce mouvementé, par François Leclerc”

  1. A la clôture, les financières ont marqué le coup à la Bourse de New York. Bank of America a cédé -6,19%, JPMorgan Chase -6,59%, Goldman Sachs -4,12%, Morgan Stanley -4,21% et Citigroup -5,49%.

    1. C’est marrant mais les grandes banques étrangères, elles, ont eu des variations très différentes :
      – UBS : -3,68%
      – Crédit Suisse : -3,85%
      – BNPPARIBAS : -2,62%
      – Soc Gén : -4,74%
      – Crédit Agricole : -3,57%
      – RBS (Royal Bank of Scotland) : -7,05% (LSE)
      – Barclays Bank : -7,89%
      – ICBC : -2,89% (HK)

      – Mitsubishi UFJ Financial Group : +2,50%
      – HSBC : + 1,02%
      – Wells Fargo : +0,65%
      – Mizuho Financial Group : -0,25%

      Seule Wells Fargo, gros réseau bancaire nord américain (4ème banque aux USA, a racheté Wachovia au nez et à la barbe de Citigroup), a évité la correction parmi les ‘américaines’.
      Et en dehors des quelques banques citées, les étrangères ont aussi ‘pris cher’ aujourd’hui au NYSE ou ailleurs (les anglaises notamment, avec Barclays et RBS).
      C’est l’ensemble des banques dans le monde qui redoute la proposition d’Obama. Du moins, celles qui semblent être bien prises dans « l’investissement financier » …

  2. Enfin on se décide à porter le fer là d’où vient le mal.

    Il est plus que temps de limer les incisives des vampires que sont les grandes banques. Ces monstres n’ont que trop profité.

  3. Je crains que les mesures annoncées n’arrivent trop tard car entre l’annonce et la mise en application effective, il peut se passer de nombreux mois voire années.
    Le chômage explose partout, les annonces de suppression d’emplois sont quotidienne et par milliers.
    Je crains que la société  »civile » se révolte car les ventres commencent à être affamés.
    Aura t’elle la patience d’attendre les éventuels effets positifs des réformes envisagées ?

  4. In the UK, shadow chancellor George Osborne said that if the Conservatives win the next general election, they would impose an identical dismantling of UK banks to those suggested by the US president.

    City Minister Lord Myners said the US proposals were « very much in accordance with the direction we have been setting ».

    BBC business editor Robert Peston said Mr Osborne’s comments would « generate profound fear in the boardrooms of Barclays and Royal Bank of Scotland ». Shares in both banks fell sharply on Tuesday …

    « This is a welcome move by President Obama that accords very much with our thinking, » said Mr Osborne.

    « I have said consistently that we should look at separating retail banking from activities like large scale propriety trading – and that this was best done internationally. »

    Vince Cable, deputy leader of the Liberal Democrats called on the government to « get on with breaking up the banks ».

    « It is absolutely essential that Britain is not left behind by the US, » he said.

    « Britain is much more dependent on banks than America is and we are therefore much more vulnerable to banking crashes. »
    http://news.bbc.co.uk/2/hi/business/8473590.stm

    1. La ‘profound fear’ de Barclays et de RBS (du moins de leurs actionnaires) était bien enclenchée hier soir, avec plus de 7% de chûte (ce qui est énorme, en si peu de temps, entre l’annonce et avant la clôture).
      Actionnaires (entre autres) :
      – Barclays : China Development Bank (3,1%), Temasek (2,5%).
      http://fr.transnationale.org/entreprises/barclays.php
      – RBS : 70% public (qui détient par ailleurs 10% de la Bank of China).
      http://fr.transnationale.org/entreprises/royal_bank_scotland.php

      A croire que les ‘fonds souverains’ (China Development Bank pour la Chine et Temasek pour Singapour à 100%, l’Ecosse à 70% pour RBS, la Chine à 90% et l’Ecosse à 10% pour Barclays) prennent peur …

  5. du coté des bourses asiatiques ce n’est pas mieux ce matin. Simple vent de panique ou premières secousses d’un séisme de magnitude 8 sur les marchés actions ? les investisseurs vont vite avoir le rire jaune du renard sous la morsure du serpent

  6. On a encore le droit de rêver ? Non, désolé sans moi.

    Demain (ou après demain) les valeurs financières vont faire +7%. Habituellement je me plante toujours en bourse … merde je me remet à rêver.

  7. Les investisseurs vendent car ils ont peur de moindres profits, ou alors parce qu’ils font ce que l’on appelle une prise de bénéfice sur le yoyo des nouvelles au usa, on pourrait d’ailleurs se demander si l’alternance de bonnes puis de mauvaises nouvelles, n’est pas un facteur qui en créant de la volatilité, permet de réaliser des prises de bénéfices régulières.

    En ce qui concerne les news aux usa :

    On va enfin savoir si au final, le peuple américain est pour ou contre la spéculation financière. Car c’est bien l’opinion publique qui va être le paramètre décisif, car les banques et les politiques ne pourront prendre une position trop éloignée de celle-ci.

    La communication de Barack Obama, en décidant de son propre chef d’une règle, sans consulter les financiers, et leur réaction outrée, montre ouvertement à l’opinion, qu’elle sont un frein à son action. Après son méa culpa, il essaie de jouer la carte de « je suis avec le peuple, alors soutenez moi ».

    A mon sens, il n’a pas tort. L’avenir nous dira si les financiers vont trouver un autre système pour pomper en utilisant moins de fonds propres …

    Personne ne pose le réel problème du projet d’avenir pour la conversion de ces centaines de milliers d’américains qui travaillent dans la finance, que vont-ils pouvoir faire d’utile dans ce monde nouveau ?

    C’est de ce côté qu’il faut chercher la solution, s’ils ont une porte de reconversion acceptable peut-être l’accepteront-ils, au lieu de continuer à croire qu’ils peuvent gagner seuls et contre le système économique réel.

    1. « Personne ne pose le réel problème du projet d’avenir pour la conversion de ces centaines de milliers d’américains qui travaillent dans la finance, que vont-ils pouvoir faire d’utile dans ce monde nouveau ? »

      Commencer par prendre un balais pour nettoyer les cadavres qu’ils ont laissés…de technicien financier à technicien de surface…

    2. les qq centaines de milliers d’américains . Que vont ils devenir ?
      On pourrait les employer à developper les pays en grande misere ( reconstruire Haiti, etc..)
      ce serait enfin qqchose d’utile collectivement parlant

    1. Si elles ne peuvent plus parier pour leur propre compte, peut être qu’elles vont recommencer à travailler ???

  8. Laisser tomber Wall-Street, c’est aussi faire fondre les retraites d’une majorité de boomers qui forment une majorité d’Américains. Pas facile non plus. La spéculation, c’est le système de retraites américain (en France, c’est la répartition).

    Obama n’a plus rien à perdre; sauf qu’il s’attaque à la main qui l’a nourrit. Sans la mafia politico-financière, il ne serait pas à son poste. Il a renvoyé l’ascenseur à GM et Wall-Street, s’il se retourne contre eux, il se retrouvera bien seul, parce qu’il ne pourra pas sauver les emplois.

    Ce qu’aurait du faire Obama comme Sarkozy et finalement, pas mal de dirigeants, c’est se ranger du coté de son électorat. Au lieu de sauver les banques, il aurait fallu laisser tomber celles qui le méritaient et nationaliser quelques-unes pour soutenir la population et les entreprises.

    Au lieu de cela, les dirigeants ont bien montré que leur préoccupation était les riches, l’oligarchie financière, les puissants et qu’ils n’hésiteraient pas à vider les comptes publics pour leurs venir en aide, sans la moindre réprimande.

    Qu’ils n’espèrent pas se représenter face au peuple floué et volé, avec leur gueule enfarinée, pour obtenir autre chose que du mépris.

  9. « La Cour a eu pour justifier sa position une formule qui laisse pantois : « Les entreprises, comme les individus, n’ont pas une pensée unique ». »

    Si seulement c’était bien le cas pour la plupart des dirigeants des grandes banques quelle autre pensée unique !

    A la lecture de votre article il passe effectivement pour un poids plume à coté d’eux, ne semble plus être aussi naïf de la situation comme hier, un personnage assez ambigu quand même !

  10. John Kennedy s’est fait flinguer par son propre les démocrates lui en voulant de vouloir arrêter le Vietnam et allant de ce fait contre les intérêts d l’industrie militaire .. Prions qu’Obama ne paie pas le même prix pour aller contre les intérêts de l’industrie financière …

    1. Il avait aussi commencé à imprimer des dollars d’état
      l’acte exécutif numéro 111 110, abrogeant ainsi l’acte exécutif 10289, remettant la production de billets de banque dans les mains de l’Etat et privant en grande partie de son pouvoir le cartel des banques privées!

      Est-ce que çà l’a tué?

  11. La proposition-opportuniste diront certains-ouvre opportunément un front. Les propos de Paul Volcker plus clairs en la matière que ceux d’HBO: ‘ »The heart of my argument,” Mr. Volcker said, “is who we are going to save and who we are not going to save. And I don’t want to save what is not at the heart of commercial banking. »

    http://www.nytimes.com/2010/01/21/business/21volcker.html?hp

  12. 2 vraies mesures, en effet. Ce n’est toutefois pas fait.

    Ma première réaction en entendant cette nouvelle a été de me dire : un nouvel assassinat en perspective pour un président US. C’est « complotiste » ça non ?

    Par ailleurs, pour autant que ces mesures fussent nécessaires, elles arrivent à mon sens un peu tard et surtout cela ne change pas en profondeur le principe du capitalisme, il sera tout au plus un peu moins débridé, mais il saura trouver d’autres voies pour faire un maximum de profits… au détriment de la vie, la vraie.

    Désolé, je suis dans une phase pessimiste, ça va passer, j’espère…

    1. Non non…

      Le 4 juin 1963,JFK a signé l’acte exécutif numéro 111 110, abrogeant ainsi l’acte exécutif 10289, remettant la production de billets de banque dans les mains de l’Etat et privant en grande partie de son pouvoir le cartel des banques privées.
      Le 22/11/1963 pan!

      Son successeur s’appelait Lyndon B. Johnson. Lui aussi a suspendu l’impression de billets pour des raisons inexplicables. Les douze banques fédérales de réserve ont retiré immédiatement les billets Kennedy de la circulation et les ont échangés contre leurs propres reconnaissances de dette
      Cà ne prouve rien.

  13. Merci beaucoup à François Leclerc pour cette analyse très pertinente et intéressante des déclaration de Barack Obama

    Je cite

    « nous sommes résolument entrés aux Etats-Unis dans la dimension politique de la crise, cela ne saurait tarder en Europe. »

    J’ai néanmoins du mal à deviner la forme que prendrait cette dimension politique en France et en Europe. Qui dira en France ou en Europe dans peu de temps l’équivalent de :

    « les grandes compagnies pétrolières, les banques (…), les sociétés d’assurance maladie et tous les puissants intérêts qui tous les jours oeuvrent en vue de retirer sa voix au peuple »

    Ce ne pourrait être qu’un minable « populiste » si l’on s’en tient à ce que nous dit France Inter à 7 heure ce matin, que les délarations d’Obama ne pouvaient être que populistes ou électoralistes

    On peut s’attendre surtout aux habituelles accusations et « polémiques » à base de « populisme », de peuple entre guillemets… etc etc

    Quel dirigeant de parti en France pourrait comme « Obama reconnaître avoir perdu le contact avec les Américains » ?

    Au lieu de ça je m’attends plutôt à la poursuite de la confusion politique

    Sur le fond si le but de l’offensive d’Obama est une forme de retour sur l’abrogation du Glass-Steagall Act alors c’est passionnant pour nous, nous connaissons bien ce sujet considérablement développé sur ici et nous en mesurons bien les enjeux

    Emmanuel

  14. faut il encore croire Obama ?
    en faisant dans le complot, on peut aussi considérer que cette volonté de réformes et ces déclarations de guerre interviennent bien tard, au moment où les Démocrates ont perdu leur majorité
    de là à en déduire que cette agitation n’est que de façade !!!!
    il faut que ces déclarations s’accompagnent de décisions fortes à commencer par le remplacement d’un certain nombre de responsables de son administration ou d’institution ( bernanke, geithner, summers par ex)

    1. Grizzly,

      Il est possible qu’Obama ait cherché à défendre ce qui lui paraissait (et vraisemblablement lui parait encore malgré tout) un « avantage comparatif » et un atout des Etats Unis dans la mondialisation Wall Street.

      De la même façon que les Brits posent un problème au moins aussi considérable de par le choix qu’ils ont fait d’une hyperspécialisation de leur économie avec la City .

  15. @ F. Leclercq :
    Pensez-vous que la dimension politique de la crise en Europe finira non pas comme aux US avec la même orientation (reprise en main du système bancaire) mais aboutira au noeud gordien de l’euro et/ou d’une europe politique (notamment la mise en place d’une véritable politique économique solidaire) ?
    A une remise en cause de la BCE ?

    1. Ceux qui ont voulu faire du cas Grec un exemple sont un peu des arroseurs arrosés. Ils ont crié au loup et maintenant qu’il s’est manifesté, il faut le combattre et le vaincre.

      La zone euro va traverser une épreuve dont l’issue est incertaine. L’enjeu n’est pas entre moins ou plus d’Europe, mais de déterminer – et d’appliquer – une stratégie vis à vis d’une crise devenue rampante et durable.

      Les Allemands prétendent avoir une réponse, mais celle-ci peut laisser sur le carreau ceux qui sont aux marges de l’Europe. Les contours et le leadership d’une nouvelle Europe est en question.

      Il n’est pas acquis que la dyamique qui serait ainsi enclenchée puisse être maîtrisée par ceux-là même qui en sont à l’origine, et qui n’ont pas encore emprunté chez eux la voie qu’ils préconisent pour les autres.

  16. En tous cas Obama n’a plus rien à perdre puisqu’il se met maintenant à dos les mégabanques. Il n’a plus l’argent pour ses futures campagnes électorales, ne reste plus que le peuple sur lequel s’appuyer.
    Nous avons vu un Obama échouer avec sa politique du consensus. Peut-être sera-t-il meilleur dans le rôle du combattant.
    Après tout nous n’avons vu d’Obama que son profil « mou ». Peut-être son autre profil sera-t-il le bon car certains hommes se révèlent dans l’adversité.

    La détestation de Wall Street rencontre un écho populaire aussi bien chez les démocrates, que chez les républicains.
    Obama a donc là un levier à sa disposition. Il serait dommage qu’il s’en prive. S’il faisait preuve d’un réel sens politique il ne devrait pas s’en priver ….

  17. Les valeurs bancaires sont attaquées ? et voilà que la bourse chute… Preuve par l’expérience que ce sont ces valeurs banco-financières qui faisaient l’embellie de ces derniers mois….

    1. Exact.
      http://www.boursier.com/vals/FR/index/cloture-paris-nouvelle-baisse-du-cac40-news-367705.htm
      Pour le DJ, c’est -2,09%.
      Toutes les grandes banques chutent ou même plongent (-5,20%, soit plus que -10% en deux séances, ou pire avec Barclays, -12% en 2 séances et RBS à -11,5% !). Même HSBC et Wells Fargo diminuent, alors qu’elles étaient positives hier.

      SAUF … les banques chinoises (bank of china, ICBC) et japonaises (Mitsubishi, Mizuho).
      Is Asia back (ou plutôt : ‘Is the Asian money back to the asian banks ?’) ?

    2. oubli : les -5,20% aujourd’hui, c’est bien la Société Générale, notre banque française à nous qu’elle est sûre. Tellement qu’en l’espace d’une semaine, la dite banque vient d’annoncer une dépréciation d’actif pour près de 1,4 milliards d’euros :
      http://exonerationfiscale.com/societe-generale-crise-subprimes
      Et comme cela ne suffit pas apparemment, la SG en rajoute le 21/01.

      Dépréciations d’actifs sur des CDS (immobilier américain), dépréciation de l’action (6 séances en négatif), dépréciations à venir d’autres actifs (actuellement, ‘que’ sur une base de 13 à 15% au lieu de 25% au Crédit Agricole), sans oublier l’affaire Kerviel …
      La Société Générale, le ‘maillon faible’ de la banque française ?

    3. Les marchés sont si frileux quand même il suffit parfois de pas grand chose pour qu’ils se lamentent déjà.

  18. Aux grands maux, les grands moyens: « Les questions auxquelles Bernanke doit répondre » by Simon Johnson. Le billet
    étant bref, je le donne dans son intégralité:

    « Ben Bernanke’s reconfirmation as chair of the Federal Reserve is in disarray. With President Obama having launched, on Thursday morning, a major new initiative to rein in the power of – and danger posed by – our leading banks, key Senators rightly begin to wonder: Where does Ben Bernanke stand on the central issue of the day?

    There are three specific questions that Bernanke must answer, in some convincing detail, if he is to shore up his weakening cause in the Senate.

    1) Does he support the President’s proposed emphasis on limiting the scope and scale of big banks?
    2) With regard to the key detail, is it his view that the size of big banks can be capped “as is” or – more reasonably – should we require these banks to contract or divest so as to return to the profile of system risk that prevailed say 15 or 20 years ago?
    3) If Congress cannot act in the short-term, because of opposition from Republicans and some Democrats, does he see the Fed’s role as taking the initiative in this arena – or will he wait passively for the legislature to act?
    As running hard against the “too big to fail” banks is now a major theme of 2010 and beyond for the Democrats, how can any Democratic Senators feel comfortable voting for Ben Bernanke unless they know exactly what his position is on all of these points? And given what we know about Bernanke’s record and positions relative to these questions, absent new information it is not a surprise to see his support dwindling. » http://www.baselinescenario.com

    Selon lui, le Sénat doit réentendre Bernanke avant de le reconfirmer ou non..

    Argumentaire: http://www.thedailybeast.com/blogs-and-stories/2010-01-22/give-bernanke-another-hearing/

    1. Le sénat US a jusqu’au 31 janvier pour reconduire Bernanke, après c’est le flou total.

      @Paul

      Pouvez-vous présenter votre candidature ? 🙂

  19. C’est une belle annonce, mais barack a t’il remanié son gouvernement pour appliquer cette nouvelle politique? Notre bon président aussi en a fait pas mal des annonces de ce type sans que ce soit suivis d’effets non?

  20. @Politique: The End of Ben ?
    From ABC News: Senate Dems Not Sure They Can Get Enough Votes to Reconfirm Bernanke

    … ABC News has learned that the Senate Democratic leadership isn’t sure there are enough votes to re-confirm Ben Bernanke for another term as chairman of the Federal Reserve.Sen. Bernie Sanders, I-Vt., Sen. Jim Bunning, R-Ky., Sen. Jim DeMint, R-S.C., and Sen. David Vitter, R-La, , Sen Russ Feingold, Wisconsin, have all put holds on Bernanke’s nomination, requiring 60 votes to proceed to a vote. 10 undecided Barbara Mikulski ( Md. ),Maria Cantwell (Wash.), Ben Cardin (Md.), Patrick Leahy (Vt.), Carl Levin (Mich.), Amy Klobuchar (Minn.), Bill Nelson (Fla.), Bob Casey (Pa.), Barbara Boxer (D-Calif.) and Debbie Stabenow (Mich.).

    « Fed’s Bernanke Faces Tighter Vote in Senate »

  21. La scène de l’Opéra de Paris (Garnier) comporte une pente d’environ 5% vers le public. Les danseurs se servent de cette particularité pour leurs sauts, qui sont plus spectaculaires lorsqu’ils sont exécutés vers le public.

    Je ne pratique ni la danse ni la politique, mais je vois des points communs : le sens du tempo, de l’enchainement, l’équilibre dynamique, l’occupation de l’espace…

    Obama est arrivé sur scène, tout en haut, avec un élan formidable, et il aurait pu commencer sa prestation par un saut surhumain. Il a préféré descendre vers le public à petits pas, et maintenant qu’il est en bas, il veut sauter.
    Puisse-t-il ne pas récolter les huées du public…

  22. Jeudi 21 janvier 2010 :

    Barack Obama a proposé jeudi une série de mesures pour encadrer davantage les activités à risque des établissements financiers, ce qui a eu pour conséquence de faire dégringoler les valeurs bancaires à Wall Street. Le président américain, soucieux de rassembler son propre camp politique, veut interdire aux banques, ou aux institutions financières contrôlant des banques, de posséder, d’investir ou de soutenir un fonds spéculatif ou un fonds de capital-investissement. Barack Obama souhaite également restreindre sévèrement la pratique des opérations pour compte propre, qui consistent pour les banques à jouer en Bourse leur propre argent plutôt que d’exécuter les ordres de leurs clients. Les actions des principaux établissements bancaires du pays ont dégringolé après ces annonces, entraînant dans leur sillage l’indice Dow Jones.

    Dow Jones : chute de – 2,01 %.
    Les valeurs bancaires :
    Goldman Sachs : chute de – 4,12 %.
    Morgan Stanley : chute de – 4,21 %.
    Citigroup : chute de – 5,49 %.
    Bank of America : chute de – 6,19 %.
    JP Morgan Chase : chute de – 6,59 %.

    Vendredi 22 janvier 2010 :
    Dow Jones : chute de – 2,09 %.
    Les valeurs bancaires :
    Citigroup : chute de – 0,92 %.
    JP Morgan Chase : chute de – 3,38 %.
    Bank of America : chute de – 3,75 %.
    Goldman Sachs : chute de – 4,16 %.
    Morgan Stanley : chute de – 5,25 %.

    1. Les banques canadiennes ne sont pas inquiètes d’Obama.
      «Le système canadien de réglementation est déjà bon, dit Paul Harris, gestionnaire de portefeuille chez Avenue Investment Management. Les règles [de limitation du risque] étaient déjà en place et elles étaient déjà bonnes.»

      Rappelons que cette semaine, Barack Obama a annoncé son intention de limiter la taille des banques afin d’éviter un effondrement tel que celui de 2008. Cela se fera notamment par des restrictions sur les activités de courtage pour celles qui reçoivent des dépôts et par le type de risque qu’elles peuvent prendre.
      http://ur1.ca/kidw

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